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la vie de bohême

Mimi, brisée.

Assez, assez, je vous en prie. Je ferai ce que vous voudrez.

Durandin.

À la bonne heure. Il faut qu’il cesse de vous aimer ; il ne faut pas qu’il retrouve en vous la fille simple, résignée, mais la femme ambitieuse, exigeante.

Mimi.

Je ne saurai pas.

Durandin.

Il le faut… il y va du bonheur, de la vie tout entière de Rodolphe, que vous dites aimer… Vous hésitez… vous ne l’aimez pas.

Mimi.

Je vous obéirai ; je tâcherai, du moins.

Durandin.

C’est bien, c’est bien, mon enfant ; vous ne vous en repentirez pas.

Mimi.

Oh ! vous me révoltez. Je ne veux rien, monsieur, entendez-vous bien ? je ne veux pas qu’on me paye. Le bonheur de Rodolphe, je veux qu’il me le doive…

Elle tombe sur la causeuse de droite et pleure dans ses mains. — Baptiste entre par le fond, apportant deux candélabres allumés.
Baptiste, bas à Durandin.

Monsieur, j’ai aperçu au bout de la rue M. Marcel et M. Rodolphe ; vous n’avez que tout juste le temps de reprendre le même chemin…

Il va poser les candélabres sur la cheminée.
Durandin, bas.

C’est bien… (À part à Mimi.) Au revoir, mademoiselle, souvenez-vous ! À part.) Bast ! elle se consolera !

Il sort par la gauche. Baptiste le suit.