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acte iii, scène ix.

Mimi.

Et c’est comme ça que tu m’aimes ?

Rodolphe.

Pardonne-moi… c’est un pressentiment…mon cœur bat comme un tocsin, qui sonne l’approche d’un malheur… (Mimi tousse dans son mouchoir.) Tu souffres davantage ?

Mimi, se levant.

Non… tu t’effrayes pour rien. Cet automne encore tu avais peur. Eh bien ! les feuilles sont tombées…

Rodolphe, à part.

Pas toutes…

Mmi, gaiement.

Tu vois bien, c’est des bêtises, je n’y crois pas… Et puis d’ailleurs, si j’étais malade de la maladie qui fait mourir avec les feuilles jaunes, nous irions demeurer dans un bois de sapins… les feuilles y sont toujours vertes !

Rodolphe, la serrant contre son cœur.

Ô ma chère Mimi ! tu es au monde tout ce que j’aime et tout ce qui m’aime peut-être… tu es ma jeunesse et ma poésie vivante… Pourtant, je le dis encore, réfléchis, et quoi qu’il arrive, d’avance je te pardonne…

Musique à l’orchestre.
Mimi.

Tais-toi !…

Elle embrasse Rodolphe. Baptiste paraît, entrant par la gauche.
Baptiste, à part.

Ah ! il paraît que ça n’a pas pris.

Rodolphe.

Adieu ! à bientôt !… (Il sort par le fond.)


Scène IX.

MIMI, BAPTISTE, puis DURANDIN.
Mimi.

Qu’a-t-il donc ? et que signifient ses paroles ?