Page:Barrière - Murger - La Vie de bohème, 1849.djvu/149

Cette page a été validée par deux contributeurs.
145
acte v, scene x.

Rodolphe.

Je l’ai vu. Il montait en voiture pour se rendre au bal chez Mme de Rouvre…

Schaunard vient s’asseoir à gauche, près de la fenêtre.
Musette.

Eh bien ?

Rodolphe.

Il n’y a rien à attendre de lui.

Musette.

Vous ne lui avez donc pas dit…

Rodolphe.

Je lui ai dit tout, mais il ne croit à rien ; il dit qu’elle joue la comédie, et que c’est un moyen pour entortiller son monde et arriver à son but.

Musette, avec colère.

Dieu ! s’il est possible d’entendre ça de sang-froid…

Elle repasse à droite et s’assied dans le fauteuil. Colline s’est assis près de la cheminée.
Rodolphe, allant entr’ouvrir les rideaux du lit.

Pauvre fille !… tu m’as aimé, et dans mon amour égoïste je t’ai associée à ma vie de misère… chaque jour j’ai assisté à ton martyre patient, et pendant que tu tremblais sous les frissons de la fièvre… je me réchauffais à la chaleur de ton amour… (S’agenouillant.) Je t’en demande pardon… oui… c’est à cause de moi que te voilà sitôt couchée sur ce lit où je vois déjà la mort naître sur ton visage.


Scène X.

les mêmes, Mme DE ROUVRE, puis MARCEL et DURANDIN.
Mme de Rouvre est entrée silencieusement.
Rodolphe, se relevant et l’apercevant.

Vous !… vous ici, madame !… (Tous se lèvent.)