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acte v, scène iii.

ché d’elle.) Qu’est-ce qui vous a retenue ? Est-ce un caprice blond ou brun ?

Musette.

C’est la pluie.

Marcel.

La pluie, je comprends. (Avec amertume.) Ô Danaé !

Musette.

C’est la vérité… et si je ne craignais de te faire de la peine…

Marcel.

Oh ! une épingle de plus ou de moins dans la pelote ! (Touchant la robe de Musette.) Mais qu’est-ce que vous avez donc là-dessous ?

Musette, avec coquetterie.

Tu le sais bien… (Se levant.) Écoute, quand j’ai reçu ta lettre, je l’ai montrée à mylord.

Marcel.

Quel âge a mylord ?

Musette.

Il a quinze jours… D’abord, ça l’a un peu surpris… il a fait oh !… mais je lui ai dit : Écoutez, mylord, depuis que j’ai un corset de quatre-vingt francs, je ne sens plus mon cœur battre, bien sûr je l’ai laissé dans un des tiroirs de Marcel ; je vais le chercher, et je suis partie. Mais, quand j’étais à moitié chemin, voilà une averse !… ah !… et pas une voiture… J’étais à la porte de Madeleine, je monte, on allait tirer une loterie au profit d’une pauvre famille. Madeleine me saute au cou et me demande un lot ; elle prend quelque chose dans ma poche, je la laisse faire sans regarder. La loterie se tire, et tout-à-coup voilà un joli monsieur qui s’approche de moi, et qui me dit : Mademoiselle, j’ai le numéro 23… (Baissant les yeux.) Et le numéro 23, c’était…