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LE SYMBOLISME



Oh ! je t’aimais comme… un lézard qui pèle
Aime le rayon qui cuit son sommeil.


ou encore traçant le portrait du Poète contumace il écrit :

Les Femmes avaient su, sans doute par les buses.
Qu’il vivait en concubinage avec les Muses.


Il prodigue les épithètes les plus hétéroclites et les plus hautes en couleurs. Sa virtuosité y est infinie. Il se révèle par là le disciple éminent, sinon l’égal, du comte de Lautréamont et ses Litanies du sommeil peuvent, sur ce point, soutenir le parallèle avec les Chants de Maldoror. La même observation vaut chez lui pour toutes les autres figures de style qui paillettent son œuvre. Il chasse véritablement aux expressions pittoresques : mourir : c’est pour lui, se déshabiller de la vie [1] ; écrire des vers c’est se laisser fluer de poésie [2]. Pour accroître la portée du mot il se plaît à des jeux d’opposition :

Se mourant de sommeil, il se vivait en rêve…
Manque de savoir vivre extrême, il survivait,
Et manque de savoir mourir, il écrivait…


Cette passion l’entraîne à des néologismes qui font image :

J’ai vu le soleil dur contre les touffes
Ferrailler. J’ai vu deux fers soleiller[3].


à des mots composés d’une saveur piquante : Un pantalon jadis cuisse-de-nymphe-émue [4], et qui sont parfois assez longs pour tenir tout un vers :

Pur-Don-Juan-du-Commandeur[5]

  1. Un Jeune qui s’en va.
  2. Pauvre garçon.
  3. Duel au camélias.
  4. Le Bossu Bitor.
  5. Élixir d’amour.