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LES VERLAINIENS



II. — Les Excentriques


6. Charles Cros. — Comme Verlaine, Charles Cros est un parnassien qu’a touché la grâce du symbolisme. Mais cet ingénieur, doué d’une imagination scientifique peu commune, a trop réfléchi pour regarder la vie sous son aspect uniquement sérieux. Il a le sens du ridicule, la causticité attendrie d’un homme qui dissimule sous le rire les blessures de son cœur, et l’esprit d’un gamin de Paris. C’est le Molière du trottoir.

Épris d’idéal, il marche à l’aventure vers l’inconnu, guidé sur cette route incertaine par de secrètes harmonies :


La musique entendue en de limpides soirs
Résonne, dans ma tête au rythme de l’allure[1].


Il lui semble éprouver les réminiscences d’une vie jadis moins souillée de laideur :


Je ne dors pas. Quel est mon mal ?
Est-ce une vie antérieure
Qui me poursuit de ses parfums[2] ?


Il s’interroge sur ces souvenirs d’un passé plus spirituel, et, il en déduit qu’ici-bas l’existence n’a pas d’autre but que la poursuite de la beauté.


… L’éternelle beauté
Est le flambeau d’attraction
Vers qui le vivant papillon
Se trouve emporté ![3]

  1. Tzigane.
  2. Insomnie.
  3. Destinée.