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après la mort d’Alexandre. Il reçut de grands honneurs dans Stragire sa patrie, ruinée par Philippe & rebâtie par son fils en faveur d’Aristote. Les habitans lui consacrerent un jour de fête, enleverent son corps & lui dresserent des autels. Ce Philosophe laissa de Pithia, sœur d’Hermias tiran d’Artane son ami, un fils nommé Nicomachus qu’il aimoit tendrement & à qui il dédia ses Livres de Morale, & d’une concubine une fille qui fut mariée à un petit fils de Demarate Roi de Perse. Quoique la vie d’Aristote ait toujours été fort tumultueuse, soit à la Cour de Philippe, soit au Lycée, il a cependant trouvé le tems de consposer une mul titude prodigieuse d’ouvrages dont la destinée fut singuliere. Il les avoir confiés à Théopbraste fon difciple fidele & son successeur dans le Lycée avec défense de les.rendre publics. Celui-ci en mourant les remit à un nommé Nélée de la ville de Sceptis en Mysie, & les héritiers de cet homme les cacherent dans un caveau, pour les dérober aux recherches du Roi de Pergame qui enlevoit par tout des Livres pour sa Bibliothèque. Ils demeurerent prés de 130 ans dans cette voute, & ils en furent enfin tirés presque tout gâtés & vendus à Apellicon, riche Athenien qui les mit dans sa bibliotheque d’où


Sylla les fit transporter à Rome, ou un Grammairien nommé Tyrannion obtint la permission d’en tirer une copie. Cette copie ayant été communiquée à Andronic le Rhodien, non-seulement il les tira de la confusion où ils étoient, mais il repara ce qui étoit endommagé, & en les publiant il eut la gloire d’être le restaurateur des ouvrages d’Aristote. On peut les reduire à 4 classes : 1°. ceux qui roulent sur l’art Oratoire & la Poétique, ouvrages composés pour Alexandre, les plus complets & les plus estimés que l’antiquité nous ait laissés sur cette matiere & très-propres à faire dire de leur auteur, qu’à la place d’encre, il trempoit sa plume dans le bon sens. 2°. Ses Traités.de Morale où l’on trouve un caractère d’honnête homme qui plait infiniment, mais une morale seche qui refroidit le Lecteur, en n’offrant que des vues générales, & des propositions Metaphisiques plus-propres à orner l’esprit qu’à toucher le cœur. 3°. Sa logique où il découvre les principales sources de l’art de raisonner : il approfondit l’abîme de l’esprit humain, & en penetre tous les ressorts par la distindion exacte qu’il fait de ses opérations. Cette methode quoique louée par tous les Philosophes n’est pas à beaucoup près exempte de défauts. 4°


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