Page:Barrès - Le culte du moi : un homme libre.djvu/123

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
91
UN HOMME LIBRE

avec une indication de sourire dans une raie au-dessus des yeux et quelque chose de si complexe dans l’intelligence qu’on ne le sent qu’à demi sincère. Que sa bouche et ses yeux indiquent de réflexion ! Est-ce une nuance d’envie, ce mécontentement qui pâlit son visage ? C’est la fatigue, l’inquiétude d’un voluptueux las, d’un voluptueux qui ne fournit pas à ses sensualités des satisfactions larges, parce qu’il faudrait de la persistance, et que, les crises passées, son intelligence ne s’attarde pas.

Tu n’as pas d’yeux pour vivre sur un décor, tu ne te satisfais qu’avec des idées, et tu te dévorerais à t’interroger si l’on ne te jetait précipitamment des systèmes et des hommes à éprouver. C’est ainsi qu’il me faut sans trêve des émotions et de l’inconnu, tant j’ai vite épuisé, si variés qu’on les imagine, tous les aspects du plus beau jour du monde.

Dans la suite, la sécheresse t’envahit parce que tu étais trop intelligent. Tu dédaignas de servir plus longtemps de mannequin à des émotions que tu jugeais.

Heureux les pauvres d’esprit ! comme ils ne