secret de la peur) sont à étouffer quand l’âme va devant soi, toute prudence perdue !
Mais j’aime surtout Benjamin Constant parce qu’il vivait dans la poussière desséchante de ses idées, sans jamais respirer la nature, et qu’il mettait sa volupté à surveiller ironiquement son âme si fine et si misérable. Royer-Collard le mésestimait ; mais nous-mêmes, Simon, nous eût-il considérés, cet honnête homme péremptoire qui, par sa rudesse voulue, fit un jour pleurer Jouffroy et n’en fut pas désolé ?
Si cet appétit d’intrigue parisienne et de domination qui parfois nous inquiète au contact du fiévreux Balzac arrivait à nous dominer, notre sensibilité et notre vie reproduiraient peut-être les courbes et les compromis que nous voyons dans la biographie de Benjamin Constant.
À dix-huit ans, il souffrait d’être inutile… Peut-être ne sommes-nous ici que pour n’avoir pas su placer notre personne.
Il s’embarrassait dans un long travail, non