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SOUS L’ŒIL DES BARBARES

Amaryllis ? Je la conduirai selon ses désirs avant de me rendre au Serapeum.

— Athéné vous convoque aujourd’hui ? interrogea, en se soulevant et d’une voix réveillée, la jeune femme. Athéné ! on dit qu’elle sait les choses et des dieux la protègent. Une fois que j’étais couronnée de fleurs et de jeunes amants, comme on sort d’une fête de nuit, je l’ai vue sur les tours de Serapeum, extasiée et en robe blanche. Mes amis l’acclamèrent et je ne fus pas jalouse, puisqu’elle est une divinité chaste. Alors survinrent pour la huer ces hommes qui adorent un crucifié et possèdent toute certitude. Au-dessus d’elle la lune pâlissait, plus lointaine à chaque insulte ; mais eux étaient trempés du soleil levant comme du sang de la victoire et je pense que c’est un présage. Comment subjugue-t-elle les âmes ? Est-elle donc plus belle que moi ? Elle pourrait guérir mon chagrin.