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TENDRESSE

qu’elle déroule auprès de mes sens. Le passé, je me suis soustrait à ses traditions dès mes premiers balbutiements. L’avenir, je me refuse à le créer, lui qui, hier encore, palpitait en moi au souvenir d’une femme. De mes souvenirs et de mes espoirs, je compose des vers incomparables. J’appris de nos pères que les couleurs, les parfums, les vertus, tout ce qui charme n’est qu’un tremblement que fait le petit souffle de nos désirs ; et comme eux tuèrent dejà l’être, je tuai même le désir d’être. L’harmonie où j’atteins ne me survivra pas. J’aime parce qu’il me plaît d’aimer et c’est moi seul que j’aime, pour le parfum féminin de mon âme. Ah ! qu’elle vienne aujourd’hui la femme ! je défie ses charmes imparfaits. »

Alors un doux murmure, le bruissement