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le jardin de bérénice

limite à découvrir l’univers qui est en puissance en moi, et à le cultiver, qu’avais-je à me préoccuper de mes actes ? Moi qui ne fais cas que du parfait désintéressement, j’ai accepté certaines faveurs qui vinrent à moi en dépit de ma pâleur et de ma frêle encolure ; j’ai favorisé diverses fantaisies de Néron, et ces complaisances me nuisirent devant l’opinion. À tout cela, en vérité, je prêtais fort peu d’intérêt ; je n’ai jamais suivi que mon rêve intérieur. Dans mes magnifiques jardins et palais, je vantais le détachement ; j’en étais en effet détaché, j’étais sincère. Le comprendrez-vous, Lazare, ce luxe m’excitant infiniment à aimer la pauvreté ? Avez-vous