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DES ÉCLAIRS DANS LES TÉNÈBRES

à l’escroquerie. Tant il fit que, séance tenante, le baron de Reinach lui signa un chèque de 140,000 francs à titre de restitution.

Ce n’est pas mal déjà qu’un personnage, à qui nos ministres demandent de diriger dans l’ombre et sans responsabilité les finances d’État, soit un bas filou piratant de la Bourse au Palais-Bourbon. Mais la magnificence de ces ignobles mystères, c’est que l’œil, en s’y appliquant, voit se multiplier et s’engendrer les crimes, et, comme le microscope révèle que la vermine elle-même a sa vermine, une analyse un peu prolongée nous montre que ce parasite engraissait un parasite. On distingue qu’à chaque fois que Reinach s’est gorgé, un Cornelius Herz le pompe et le fait dégorger.

Celui-ci, Cornelius Herz, c’est encore un juif, né à Besançon, en 1845, d’un petit relieur qui venait de Bavière. En 1848, la famille Herz partit pour l’Amérique, d’où Cornelius, naturalisé Américain, nous revint à l’âge de vingt et un ans. En 1869, grâce à une recommandation de Legrand du Saulle, il fut reçu à titre d’interne chez le docteur Dumesnil, fondateur de l’asile des Quatre-Mares. La fonction d’interne s’accordait alors dans les maisons d’aliénés sans examen et sans titre. (Il est bon d’entrer dans des détails médiocres et burlesques d’abord, mais qui peignent d’après nature les dieux secrets du parlementarisme. Sur