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LEURS FIGURES

notre vie pour sentir que des nuances analogues existent dans tous les ordres de notre activité locale.

« Ce brave Suret-Lefort ne distingue pas qu’il y a des vérités lorraines, des vérités provençales, des vérités bretonnes, dont l’accord ménagé par les siècles constitue ce qui est bienfaisant, respectable, vrai en France, et qu’un patriote doit défendre. Sur tous les points où ne l’avertit pas un vigoureux holà ! de ses électeurs, notre député est à la merci d’un dialecticien habile ; il est prêt à toutes les expériences, parce qu’il ignore celles que ses aïeux et notre terre ont résolues pour lui ; il ne se rend pas compte de l’avantage que nous aurions à persévérer dans notre tradition, c’est-à-dire dans la vie pour laquelle nous sommes appropriés, adaptés. Contre toutes les singularités qu’on lui propose, qui peuvent être des vérités ailleurs et qui par là sont soutenables dans l’abstrait, il ne se ménage point de refuge dans son innéité…

« Ici, Sturel, j’insisterai, et craignant de laisser dans l’ombre la principale vérité qui m’anime, je veux te dire brutalement qu’étant donnée l’anarchie générale, pour la conduite de nos vies privées, — aussi bien que pour parer aux langueurs mortelles de la France, — c’est dans ses réserves héréditaires que chacun de nous doit se replier et chercher sa règle.

« Considère l’affreuse aventure de Racadot et