Page:Barrès – Leurs Figures.djvu/258

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
254
LEURS FIGURES

cruels et si injustes envers moi. À un moment donné, avant que la diplomatie française s’orientât vers l’alliance russe, j’avais assumé la tâche de rompre la Triplice, d’en détacher l’Italie. Plusieurs députés approuvèrent mes desseins ; un ancien ministre des affaires étrangères aura peut-être le courage de reconnaître qu’il a au moins souhaité le succès. Je me rendis en Italie et je cultivai l’amitié de M. Crispi ; je m’attachai à gagner les bonnes grâces de Mme Crispi, à qui je me fis présenter pendant mon séjour à Carlsbad. Oh ! je sais bien qu’aujourd’hui des interviews, plus ou moins sincères, affectent d’atténuer la nature et la portée de mes rapports avec l’ancien premier ministre d’Italie, mais que le jury d’honneur s’y prête, et je produirai la correspondance de M. Crispi. Quant à la noble dame qui est sa compagne, puisqu’on a prétendu que je l’avais abordée en intrus, lisez plutôt ceci :

Madame,

Je prends la liberté de consigner cette lettre d’introduction auprès de vous au savant docteur Cornelius Herz, qui, sachant que, en ce moment, vous êtes à Carlsbad, où lui-même doit se rendre, m’a exprimé le désir de profiter de cette occasion pour être présenté à l’intelligente et gracieuse épouse de l’illustre premier ministre d’Italie, S. Exc. M. Crispi, qui, en peu de temps, s’est placé au premier rang des hommes d’État qui gouvernent l’Europe.