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LEURS FIGURES

allez la suivre. Que peut-on espérer de Cornelius ?

— Je crains que nous ne soyons en froid. Cornelius a mal pris la publication de la liste Thierrée.

— J’irai donc seul, dit Sturel.

Le 20 janvier, Sturel arrivé à Boumemouth, et dans un site merveilleux, descendit à l’hôtel Burlington. Il fit porter immédiatement une demande d’audience à Cornelius Herz.

Le jardin de ce Tankerville-hôtel où tremblait de fièvre, de fureur et d’angoisse le fameux docteur juif, n’est séparé de l’hôtel Burlington que par une haie à peine haute d’un mètre. Depuis sa fenêtre, Sturel plongeait sur un jeu de croquet installé dans une pelouse et qu’encadraient de grands arbres nus. Il n’était pas venu à Bournemouth pour distraire son attention sur le splendide panorama de la baie, sur le bleu de la mer où dévalaient les jardins et, un peu à gauche, sur les falaises de l’île de Wight. Une petite fille et un garçonnet se poursuivaient dans le jardin en agitant quatre drapeaux, anglais, américain, allemand et français, dont ils faisaient jouet, comme en avait usé toute sa vie leur père. Ces deux innocents mettaient quelque chose d’agréable et de bêta au seuil de cette tanière. Jusqu’à ce que le soir vînt tout envelopper, Sturel se livra voluptueusement aux impressions de mélodrame que