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LEURS FIGURES

— Nous réglerons ailleurs les oui et les non.

En vain, le pauvre président, la langue lourde, intervient :

— Voulez-vous donc, messieurs, que je permette qu’on échange des provocations à la tribune ?

Il n’est plus qu’un gêneur dont la sonnette, les gestes, les observations empêchent de bien entendre et risquent de gâter ce passionnant spectacle. Les plus timides lui crieraient, exaspérés, la grande injure des aficionados : Fuego al alcade ! Perros al alcade ! (le feu et les chiens à l’alcade). En vérité il s’agit bien des principes parlementaires et du manuel de l’honorable M. Pierre que ce duel scandalise ! « Laissez aller les combattants ! Que personne déloyalement n’avantage l’un ou l’autre ! Parlez, Déroulède, parlez ! »

« M. Herz, continue-t-il, reconnaît avoir donné à M. Clemenceau deux millions. Pourquoi ces versements ? Puisque le directeur de la Justice affirme que son journal n’a jamais rien fait pour Cornelius Herz, pourquoi cet habile financier, cet homme d’affaires, plus avide que délicat, a-t-il placé tant d’argent à fonds perdus ? »

« Ce dilemme me paraît accablant : puisqu’il est avéré, non seulement par l’attestation de M. Clemenceau, mais encore par l’examen même du joumai, que le directeur de la Justice