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CHAPITRE PREMIER

LA FIÈVRE
EST EN FRANCE ET DANS CHAQUE FRANÇAIS

En octobre 1885. François Sturel apprit le mariage de Mlle Thérèse Alison avec le baron de Nelles, élu député sur la liste conservatrice de la Haute-Marne. Il s’attrista. Il en vint même à souffrir, car dans cette petite ville de Neufchâteau (Vosges), où tout est mort à la nuit tombante, rien ne pouvait distraire ses sentiments, et cet isolement du soir exagère en les concentrant la mélancolie amoureuse et l’impatience d’activité chez un jeune homme de vingt-quatre ans.

Sa mère, inquiète de le voir malheureux, l’engageait à voyager. Il partit pour l’Italie.

Il avait à se plaindre d’une femme, aussi éprouva-t-il la beauté des objets et de la nature avec plus de sensibilité.

Dans son premier enthousiasme, il se traitait de barbare et croyait jusqu’alors n’avoir pas vécu. Du moins en usant sa première fougue à des aventures parisiennes s’était-il mis en meilleur état pour inter-