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Huit jours chez M. Renan

gnance à me maudire. Ce n’est qu’en se forçant lui-même qu’il grossit sa voix. Tel fut le cœur de la Bretagne à mon égard. Elle m’adora toujours. Il n’en est pas moins vrai, ajoute M. Renan en me fixant de son vif regard, qu’il y a vingt ans tout ce monde-là se fût sanctifié à me mettre en pièces. »

« — Je pense qu’aujourd’hui notre sécurité est parfaite, lui dis-je en m’essayant à plaisanter.

« – J’invite les maires à dîner, volontiers. On voit les sous-préfets et les chefs de gare pleins de prévenances pour moi. Puis, c’est ici un pays civilisé, où fréquentent les baigneurs, à deux pas de Lannion. Il ne serait point convenable que je m’aventurasse dans une réjouissance du Finistère, dans un pardon, veux-je dire, parmi quinze cents