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une solennelle déclaration, Condorcet, que nous avons déjà vu défendre la cause des nègres, s’adressait au corps électoral, le 3 février 1789, pour réclamer de la nation qui allait s’assembler dans la personne de ses représentants, l’abolition de l’esclavage des noirs. « Comment, disait-il, dans un manifeste au corps électoral par la Société des amis des noirs, comment la nation française pourrait-elle réclamer contre des abus que le temps a consacrés, que des formes légales ont sanctionnés, et leur opposer les droits naturels et imprescriptibles de l’homme et l’autorité de la raison, si elle approuvait, même par son silence, un abus aussi évidemment contraire à la raison et au droit naturel que la servitude des nègres ? ».

Plus tard, au sujet de l’admission des députés des planteurs de St-Domingue dans l’Assemblée nationale, Condorcet, appuyant du dehors la réclamation que Mirabeau faisait entendre au sein même de l’assemblée, demanda s’il est juste d’accorder séance et suffrage aux députés du corps des planteurs pour « défendre un intérêt d’argent, sans les donner aussi aux députés des noirs pour défendre les droits sacrés du genre humain violés dans la personne de ces malheureuses victimes d’une avidité mal entendue. »

Condorcet, bien que ne faisant pas partie de l’Assemblée nationale en suivait avec plus vif intérêt (nous l’avons vu par cet exemple) les travaux et les actes, et il cherchait à éclaircir ses délibérations en traitant quelques-unes des grandes questions qui s’y agitèrent, ou bien il appréciait ses décrets et la défendait contre ses ennemis. Ainsi nous le voyons examiner dans un écrit spécial cette question : s’il est utile de diviser une assemblée nationale en plusieurs chambres ? et se prononcer, comme il l’avait déjà