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cette déclaration soit la première œuvre de l’Assemblée. Pour faciliter l’accomplissement de ce vœu, il soumet lui-même au public un projet de déclaration qui, sans doute, servit à préparer celle qu’adopta plus tard l’Assemblée nationale, et qui en contient déjà les articles fondamentaux. Dans ce projet il ramène les droits naturels :

1o à la sûreté de la personne,

2o à la liberté des biens,

3o à l’égalité naturelle,

et il montre, avec beaucoup de justesse et de précision, à l’égard de chacun d’eux, quelles mesures ou quelles lois en général il faut éviter ou établir pour les préserver de toute atteinte.

L’idée de Condorcet d’une déclaration des droits naturels de l’homme, d’un évangile social qu’il s’agissait de fonder : une telle déclaration n’était pas moins nécessaire, elle était peut-être plus nécessaire encore dans l’ancien monde que dans le nouveau, après un si long étouffement de ces droits naturels sous le despotisme religieux et politique. Et si Condorcet s’en exagère beaucoup l’efficacité, en croyant qu’une pareille déclaration est le seul moyen de prévenir la tyrannie[1]. nous ne devons pas moins en savoir gré à notre philosophe d’avoir devancé sur ce point et préparé l’œuvre de la Constituante et de l’avoir aidé d’avance à remettre en lumière les titres effacés, mais imprescriptibles, de l’homme.

Conséquent avec les principes dont il demandait ainsi

  1. Car il ne suffit pas d’exposer des droits avec clarté et solennité pour les faire respecter. — N’avons-nous pas vu, depuis, le césarisme invoquer à son tour les principes de 89 en tête de ses constitutions despotiques ? — J. B.