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l’état, si ce n’est assez de suspendre une partie du salaire des fonctionnaires publics ; mais ces ressources donnent le moyen d’aller un moment et ne font que retarder la chute ; il faudra bien, dès lors, s’occuper des moyens de la prévenir.

Si la faction des enragés domine encore avec toute sa force, si elle continue à régner sur les uns par la terreur, et sur les autres par l’illusion ; si le pouvoir exécutif, dans l’intervalle, lui a donné des prétextes plausibles de rejeter sur lui les causes de tant de maux, alors la détresse des fonds publics lui donnera une force illimitée. Elle abattra la royauté ; elle comprimera un moment les esprits par le poids de la crainte ; mais bientôt cette faction, sans chefs reconnus, sans unité, sans système, sans moyen de remédier à la situation désespérée du corps social, commettra faute sur faute, se divisera elle-même, sera attaquée de toutes parts et livrera le royaume à tous les malheurs de la discorde et de l’anarchie.

Si, au contraire, à cette époque, cette faction était déjà très affaiblie, si elle était, enfin, reconnue pour la principale cause de tant de désordres ; si, ayant exercé le pouvoir public dans toutes les branches, on ne pouvait s’en prendre qu’à elle des évènements, il est probable qu’elle succomberait sous le poids de la crise, et que les idées raisonnables auraient leur tour. Mais quand arrivera l’é-