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Il faut encore aller plus loin ; la température du sang lui-même n’est pas uniforme ; la plupart des physiologistes ont considéré le sang artériel comme plus riche en chaleur que le sang veineux ; cela est vrai d’une manière générale, mais il y a des restrictions à faire. Si on compare le sang de l’artère carotide avec le sang de la veine jugulaire, on y trouve une différence de 2/3 de degré à peu près, à l’avantage du premier ; c’est du moins ce qui résulte des expériences de J. David et de MM. Becquerel et Breschet. De semblables observations ont été faites aux membres, et les résultats ont été les mêmes. Cependant, on ne doit pas conclure de là que partout le sang artériel est plus chaud que le sang veineux ; s’il en était ainsi, la théorie de la chaleur animale serait vivement ébranlée.

Grâce aux recherches de M. Bernard, il est parfaitement démontré que le sang qui circule dans les veines après sa sortie de certains organes, est plus chaud que le sang qui vient d’y entrer. Ainsi le sang qui sort du foie par les veines sus-hépatiques, possède une température supérieure à celle du sang de l’artère du même nom. Il en est de même pour le sang des veines rénales, et ceci est une conséquence du grand travail qui s’effectue dans ces différents organes.

Il n’y a pas très longtemps encore, que les physiologistes, se basant sur les modifications qu’éprouve le fluide réparateur de l’économie dans le poumon, soutenaient que la température du sang contenu dans le ventricule gauche était plus élevée que celle du sang renfermé dans le ventricule droit. Davy, lui-même, s’est laissé induire en erreur, et a partagé, à ce sujet, l’opinion des savants de son époque. Mais aujourd’hui, on sait qu’il n’en est pas ainsi, et le sang veineux contenu dans le ventricule droit, est plus chaud que le sang artériel du ventricule gauche.