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un espace de terrain compris entre-deux rivières qui s’approchent et se confondent. Le visir réclamait le secours de troupes anglaises qui lui avait été promis ; il renouvelait sa proposition déjà faite de fournir à leur entretien et de payer 40 lacs de roupies après l’expulsion des Rohillas. L’expédition promettait de grands avantages ; elle devait faire des possessions du visir un tout complet, compacte ; leur donner la rivière du Gange comme défense naturelle, des frontières du Bahar aux montagnes du Thibet ; enfin, elle devait rendre le visir plus dépendant de la Compagnie, en lui donnant pour voisins les Mahrattes. D’un autre côté, les circonstances où se trouvaient les Anglais n’étaient pas favorables à l’exécution d’un semblable projet ; la Compagnie étant alors dans un moment d’impopularité ; sa charte touchait à sa fin, le parlement avait le droit de contrôler toutes ses mesures, et il ne fallait pas lui donner pour sujet de ses débats celui d’une guerre légèrement entreprise. Par toutes considérations, le conseil aurait voulu tout à la fois éviter l’expédition, tout en se donnant l’apparence de tenir sa parole au visir. Pour atteindre ce but, il écrivit à ce dernier une lettre en termes vagues, ambigus, contenant plutôt un refus qu’un consentement. Toutefois le visir ne se laissa pas arrêter ; il commença la guerre avec ses propres troupes. D’abord il s’était borné à demander que la brigade, dont le service lui avait été promis, se tînt prête à marcher quand il l’appellerait à son