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s’en retournaient en sûreté avec les prisonniers qu’ils venaient de faire. Les Nazaréens se virent réduits à de grandes extrémités : un homme de Hyder-Ali ne pouvait plus porter un mousquet à l’épaule qu’on ne les vît aussitôt ôter en grande hâte leurs chapeaux et saluer comme de vieilles guenons[1].

« Un jour, à la pointe du jour, les Nazaréens attaquèrent mes tranchées au bord du fossé, ils y pénétrèrent. En ce moment j’étais à mon quartier, je venais d’accomplir mes devoirs religieux, lorsque, entendant le bruit de la mousqueterie et les cris des guerriers, je pris avec moi une compagnie de Usud-llhye, et je courus à pied à la tranchée. Les Nazaréens combattaient : les soldats de Usud-Ilhye les attaquèrent au sabre et à la baïonnette ; ils en firent un bon nombre prisonniers, et envoyèrent d’autres au fond de l’enfer ; le reste prit la fuite. En un mot, le carnage fut tel des deux côtés pendant trois mois, que les tranchées ne montraient plus qu’un mélange de boue, de sang et de chair humaine. Beaucoup de soldats, obligés de se tenir constamment les pieds dans la boue ; en perdirent l’usage et demeurèrent estropiés. Souvent, pendant les ténèbres de la nuit, à travers l’inondation causée par les pluies, malgré la force du vent, qui dans ce lieu surpasse de beaucoup en violence ce

  1. Le chapeau fournissant un excellent point de mire, les Anglais l’ôtaient de temps à autre ; c’est sans doute à cela que Tippoo fait allusion.