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d’un témoin oculaire, dont les chiens eussent voulu. La désertion des Cipayes, la mutinerie des Européens devinrent à craindre. Les deux tiers de la garnison étaient déjà aux hôpitaux, le reste pouvait à peine tenir ses armes, les morts montaient à douze, quinze, vingt par jour. Il en fut ainsi jusqu’au 23 janvier, où le commandant offrit de capituler. Le sultan, qui par le fer, le feu, les maladies et la désertion avait perdu la moitié de son armée, était lui-même pressé de traiter. En conséquence, une convention fut conclue : les Anglais quittèrent avec armes et bagages, et les honneurs de la guerre, ces remparts croulants qu’ils avaient si vaillamment défendus ; ils se dirigèrent sur Tellichéry. Les retards apportés à ce voyage de négociateurs anglais avaient eu pour but de laisser au sultan le temps de conclure. Dans un autre temps, cette manière d’agir n’aurait pas manqué d’irriter la susceptibilité nationale. En ce moment, les affaires étaient dans une fort mauvaise condition, la paix devenue un besoin vivement senti ; enfin c’était un découragement et un besoin de repos universels ; les négociateurs supportèrent donc avec patience les procédés blessants, la mauvaise foi de Tippoo. Pour prix de cette humilité, ils obtinrent enfin, le 11 mars 1784, un traité dont la base principale était une restitution des conquêtes mutuelles.

Tippoo, qui conduisait ce siège, en fut aussi l’historien. Il en parle comme il suit dans ses