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laisse tomber l’ancre et ouvre le feu. Il montait le Héros ; l’Annibal, qui le suivait, vint mouiller en avant de lui ; les autres vaisseaux suivent cet exemple. L’Artémise manœuvre pour aller prendre place à côté du Héros ; le capitaine en est tué, ce qui cause une certaine indécision dans les mouvements. Bientôt il dérive au large. Le Sphinx et le Vengeur, après avoir tiré quelques bordées, sont aussi entraînés au large par les courants. Le Héros et l’Annibal demeurent ainsi seuls, exposés au feu de toute l’escadre ennemie ; leur position devenait critique. Après une heure et demie de combat le plus vif et le plus meurtrier, ils coupent leurs câbles et se laissent porter au large. À peine l’Annibal était-il hors de la portée du canon, qu’il démâte de tous ses mâts ; le Sphinx le remorque. Le Héros n’était pas en meilleur état : sa mature était encore debout ; mais criblée de boulets, à chaque instant menaçant de tomber. Johnston met à la voile et essaie de poursuivre l’escadre française, quoique ses vaisseaux ne fussent pas en meilleur état. Dès qu’il l’aperçoit, Suffren lui fait un salut de canon, ordonne de réformer la ligne de bataille, et s’arrête pour l’attendre. Les Anglais avaient l’avantage du vent : ils s’approchent jusqu’à une portée et demie de canon ; mais voyant les vaisseaux français qui les attendent par le travers, ils ne jugent pas à propos de recommencer le combat. Suffren demeura toute la nuit dans la même position, tenant tous ses feux allumés, pour les provoquer soit à le suivre ; soit à