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injures et des menaces contre Hastings et les Anglais. Les deux compagnies de Cipayes de renfort s’efforcent de fendre la foule pour arriver jusqu’au palais ; la foule résiste, et bientôt l’on en vient aux mains. Cette multitude indoue, d’ordinaire si calme, si timide même, est devenue intrépide, furieuse, altérée de sang et de vengeance ; elle se fait des armes de tout ce qui lui tombe sous la main, pierres, bâtons, couteaux ; les Cipayes et leurs officiers sont massacrés, à peine s’il en échappe quelques uns. Le rajah, profitant de ce tumulte qu’il n’a pas provoqué, s’échappe du palais par une petite porte dérobée ; à l’aide de turbans liés ensemble et attachés à la muraille, il se laisse couler dans la rivière qui coule au bas, et parvient à gagner la rive opposée. La nouvelle de cette évasion se répand dans le peuple, qui abandonne aussitôt le palais, traverse la rivière, et se porte sur les traces du rajah dans l’intention de le protéger.

Comme toutes celles qui réussissent, cette insurrection fut le résultat du hasard, et non d’une combinaison. Hastings était arrivé à Benarès sans la moindre force militaire, le rajah l’avait vu de ses propres yeux ; s’il l’eût voulu, rien ne lui était plus facile que de faire de son hôte son prisonnier. Plus tard, Hastings disait lui-même : « Si les habitants de Benarès, après avoir délivré Cheyte-Sing, au lieu de courir en foule sur ses pas d’une façon tellement tumultueuse, et de s’entasser au passage de la rivière, s’étaient immédiatement portés chez moi,