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XXI

LE POSTE DE SECOURS


À partir d’ici, on est en vue des observatoires ennemis et il ne faut plus quitter les boyaux. On suit d’abord celui de la route des Pylônes. La tranchée est creusée sur le côté de la route, et la route s’est effacée : les arbres en ont été extirpés ; la tranchée l’a, tout au long, à moitié rongée et avalée ; et ce qui restait a été envahi par la terre et par l’herbe, et mêlé aux champs par la longueur des jours. À certains endroits de la tranchée, là où un sac de terre a crevé en laissant une alvéole boueuse, on retrouve, à hauteur de ses yeux, l’empierrage de l’ex-route rogné à vif, ou bien les racines des arbres de bordure qui ont été abattus et incorporés à la substance du talus. Celui-ci est découpé et inégal comme une vague de terre, de débris et d’écume sombre, crachée et poussée par l’immense plaine jusqu’au bord du fossé.

On parvient à un nœud de boyaux ; au sommet du tertre bousculé qui se profile sur la nuée grise, un lugubre écriteau est piqué obliquement dans le vent. Le réseau des boyaux devient de plus en plus étroit ; et les hommes qui, de tous les points du secteur, s’écoulent vers le Poste de Secours, se multiplient et s’accumulent dans les chemins profonds.