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Sous les traits affadis du premier éventé,
Monseigneur cocuage entre avec majesté.

Et ce prince jamais ne vient sans qu’il amène
Avec lui les fléaux de la famille humaine :
Le scandale, les cris, les fuites, les combats
Et le venin mortel des verbeux avocats.
Et les tristes parents, à qui beaucoup incombe
En ce malheur, souvent descendent à la tombe,
Leur fille sur les bras et le cœur au regret
Du déplorable sort qu’à leur sang ils ont fait...
Ah ! Que jadis, au sein des forêts de la Gaule,
Nos barbares aïeux comprenaient mieux leur rôle
Dans l’établissement de leurs belles enfants !
Jamais ils n’exerçaient, despotes étouffants,
Sur leur cœur virginal de dure tyrannie,
Mais plutôt les laissaient, arbitres de leur vie,
D’elles-mêmes régler leur amoureux destin.
Quand venait le grand jour, en un vaste festin,
Du clan ils assemblaient la virile jeunesse,
Puis, au milieu des cris et des chants d’allégresse,

Ils faisaient apparaître, une amphore à la main,
L’enfant qu’ils destinaient aux douceurs de l’hymen.
Celle-ci lentement tournait autour des tables,
Et le premier garçon à qui ses doigts aimables
Versaient à flot doré l’hydromel écumant
Devenait de ses jours le compagnon charmant...

Chez nos braves aïeux la coutume était telle,
Coutume, comme on voit, humaine et naturelle :
Pourquoi de notre temps n’y reviendrait-on pas ?
Elle ne sauvait point toujours des mauvais pas,
Du désordre, c’est vrai, car le cœur est volage,
Facile à se tromper ; mais quel que fût l’orage
Qui détruisait plus tard le lien fortuné
Que deux cœurs s’étaient fait, ils se l’étaient donné ;