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Et d’un front sans pâleur, d’un air imperturbable,
Elle prononcera le oui tant redoutable.

C’est bien ; les chers parents sont radieux, contents ;
Ils ont atteint leur but, laissons filer le temps,
Du bruit et des cadeaux s’évaporer l’ivresse.
Croit-on que sur un cœur tendre et plein dejeunesse
La nature à jamais ait abdiqué son droit ?
Non ; -le cœur, au contrat qui fut mis hors la loi,
Saura bien quelque jour reprendre sa revanche.
On ne tombe jamais que du point où l’on penche ;
Et c’est du cœur surtout que viendra le danger...
En vain on l’abusa par un art mensonger,
En vain on l’étouffa sous l’or et la dentelle ;
On ne l’a pas éteint, et, battant de plus belle,
Il se renvolera comme le jeune oiseau
Dès qu’il aura trouvé maille ouverte au panneau,
Et ce ne sera long, car jamais homme d’âge
Ne peut jouer longtemps son jeune personnage.

Bientôt le masque tombe, et l’on voit ce qu’il est,
Un être fort maussade et répugnant et laid.
Alors que devenir ? Un ennui vague, horrible,
Des tourmentes du cœur le précurseur terrible,
Sur la belle agitant ses deux ailes de plomb,
Fera bâiller sa bouche et courbera son front.
Puis l’essaim des désirs, les infinis caprices,
Épuisant sur ses pas leurs futiles délices
Vainement chasseront le fantôme hébété.
Hélas, trois fois hélas ! -si la maternité
Ne vient pas à propos par sa joie et ses peines
Faire diversion à des langueurs malsaines,
Ou si du rédempteur le saint commandement
N’arrête pas le cours d’un fol entraînement,
C’en est fait de l’honneur de ce toit domestique ;
Et quelque beau matin, en ce coin pacifique,