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ra jeté
Par ce monde un rayon d’assez vive clarté.
Qui sait ? Peut-être un jour même ferai-je école,
Peut-être qu’un sophiste à l’ardente parole,
Travaillant le public à mon intention,
Aura l’insigne honneur de relever mon nom.

Titien.
Je le vois, vous avez la volonté très-ferme
De rester dans le cercle où votre goût s’enferme,
Vouloir triste et je crois d’un exemple fatal,
Et qui peut vous causer à vous-même grand mal.
Soit, suivez ce chemin, je renonce à combattre
Votre penchant ; d’ailleurs, à force de débattre,
Je craindrais de jouer le rôle bête et faux
D’un froid pédant, stérile éplucheur de défauts.

Arétin.
Et c’est bien raisonner, car à l’âge où nous sommes,
Cher maître, on change peu les sentiments des hommes ;
Ils reprennent toujours leur courant naturel.
Qu’on tente l’idéal ou le matériel,
Chacun, tout compte fait, a ce qu’il cherche au monde.
À vous donc la fortune en bien-être féconde,
Les constantes faveurs d’un public enchanté,
L’amitié des Césars et l’immortalité ;
À moi le bruit d’un jour, les fureurs de l’orage,
À moi les vils surnoms, les haines et l’outrage,
Mais de l’or, du plaisir, et mon portrait enfin
Du pinceau le plus vrai qu’ait produit l’art divin.


Publié en 1855. <