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et pour la mienne aussi... mes braves conseillers,
il s’agit d’en finir avec nos ennemis.
Bien qu’à l’heure actuelle il y ait entre nous
accord, les Orsini comme les Vitelli,
pour le pape et pour moi, toujours au fond du cœur,
ont et conserveront une haine mortelle,
et, dès qu’il se pourra, rompront la foi jurée.
Vous savez ce qu’ils sont et ce qu’ils peuvent faire
les uns, ambitieux au plus haut de l’échelle,
n’aspirent à rien moins qu’à porter la tiare
sur le front d’un des leurs ; les autres, vrais
brigands, ont des désirs moins fiers,
et sur le bien d’autrui se rabattent
d’autant. Ils mettraient l’Italie,
le monde tout en flamme et tout en sang, pourvu
qu’ils pussent de ducats remplir leurs
hauts-de-chausses.

Voilà les créateurs de cette vaste ligue
qui m’a, le mois dernier, inquiété vraiment,
et de mes embarras vous savez quelque chose,
seigneur de Cœllo, seigneur de Cardona !
Eh bien ! Ces ennemis acharnés, éternels,
d’eux-mêmes maintenant entre nos mains se mettent.
Ils m’attendent demain tous à Sinigaglia,
sans troupes, sans armée... entendez bien...
devrai-je les laisser ressortir
de la fosse où j’ai su si dextrement
les faire accourir et tomber ?

Tous.
Non, non, assurément.

César.
Qu’en pense monseigneur ?

L’évêque D’Euna.
Prince, l’occasion est trop rare et trop belle
pour la laisser s’enfuir... avant tout il nous faut