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Adieu les grands éclats, les longues pâmoisons !
Plus de garçon joufflu, bien frais, et dans sa gloire
Chantant à plein gosier les belles après boire ;
Près d’un jambon fumé plus de baisers d’époux,
Plus de bruyants transports, plus de danse de fous,
Plus de boutons rompus, plus de bouffonnerie :
Mais du cynisme à force et de l’effronterie,
De la bile à longs flots, des traits froids et mordants,
Comme au fond de l’enfer des grincements de dents,
Et puis la lâcheté, l’insulte à la misère,
Et des coups au vaincu, des coups à l’homme à terre…

Ah ! Pour venir à nous le front morne et glacé,
Par quels affreux chemins, vieux Rire, as-tu passé ?
Les éclats de ta voix, comme hurlements sombres,
Ont retenti longtemps à travers des décombres ;
Dans les villes en pleurs, sur le blé des sillons,
Ils ont réglé longtemps les pas des bataillons ;
Longtemps ils ont mêlé leurs notes infernales
Au bruit du fer tombant sur les têtes royales,