Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu/80

Cette page n’a pas encore été corrigée

La Reine du monde


 
Ô puissant Gutenberg ! Germain de bonne race
         Dont le mâle et hardi cerveau
De l’antique univers a rajeuni la face
         Par un prodige tout nouveau ;
Lorsqu’aux rives du Rhin, dans une nuit ardente,
         Amant d’une divinité,
Tu pressas sur ton sein la poitrine fervente
         De l’immortelle liberté,
Tu crus sincèrement que cette femme austère
         Enfanterait quelque beau jour
Un être sans défaut qui, semblable à sa mère,
         Du monde entier serait l’amour ;
Et tu t’en fus, vieillard, te reposer à l’ombre
         De l’éternel cyprès des morts,
Comme un bon ouvrier s’endort dans la nuit sombre,