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Là que l’on a dressé l’abattoir social ;
Enfin le sol chéri du meurtrier brutal,
Et le seul lieu sur terre où peut-être sans haine
On attente en riant à toute vie humaine ;
Comme si ce qu’on souffle avec légèreté
Pouvait se rallumer à notre volonté,
Et comme si les forts, les puissants de ce monde,
Tous les bras musculeux de la planète immonde,
Pouvaient dans leur vigueur refaire le tissu
Que le doigt de la mort une fois a rompu !

Ah ! N’est-ce pas assez que l’avare nature
Nous redemande à tous une dette si dure,
La vie, à tous la vie ? Et faut-il donc encor
Nous-mêmes dans le gouffre enfouir le trésor ?
Oh ! N’est-ce pas assez de la pâle vieillesse,
De tous les rongements de la vie en faiblesse,
Du venin dévorant des soucis destructeurs,
Et de la maladie aux plaintives douleurs ?
N’est-on pas sûr enfin, au bruit des chants funèbres,