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Courent de siècle en siècle arracher par lambeaux
Les crimes inouïs qui dorment aux tombeaux.
Sombres profanateurs avides de dépouilles,
Ils n’attendant pas même au milieu de leurs fouilles
Que la terre qui tombe ait refroidi les morts ;
De la fosse encor fraîche ils retirent les corps,
Et sans crainte de Dieu, leur bras, leur bras obscène
Les livre encor tout chauds aux clameurs de la scène.


IV


Ils ne savent donc pas, ces vulgaires rimeurs,
Quelle force ont les arts pour démolir les mœurs ;
Que l’encre dégouttant de leurs plumes grossières
Renoircit tous les cœurs blanchis par les lumières ;
Combien il est affreux d’empoisonner le bien,
Et de porter le nom de mauvais citoyen !
Ils ne savent donc pas la sanglante torture,
De se dire, à part soi : j’ai fait une œuvre impure ;
Et de voir ses enfants à la face du ciel