Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu/50

Cette page n’a pas encore été corrigée

        Épanche son dernier rayon,
Votre nom qui s’éteint, sur le flot populaire
        Trace à peine un léger sillon.
Passez, passez, pour vous point de haute statue,
        Le peuple perdra votre nom ;
Car il ne se souvient que de l’homme qui tue
        Avec le sabre ou le canon ;
Il n’aime que le bras qui dans des champs humides,
        Par milliers fait pourrir ses os ;
Il aime qui lui fait bâtir des pyramides,
        Porter des pierres sur le dos ;
Passez ! Le peuple c’est la fille de taverne,
        La fille buvant du vin bleu,
Qui veut dans son amant un bras qui la gouverne,
        Un corps de fer, un œil de feu,
Et qui, dans son taudis, sur sa couche de paille,
        N’a d’amour chaud et libertin
Que pour l’homme hardi qui la bat et la fouaille
        Depuis le soir jusqu’au matin.


Mai 1831.