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Ô ma mère patrie, ô déesse plaintive,
Verrons-nous donc toujours dans la ville craintive
Les pâles citoyens déserter leurs foyers !
Toujours les verrons-nous, implacables guerriers,
Se livrer dans la paix des guerres intestines !
Les temples verront-ils aux pieds de leurs ruines,
Comme le marc impur échappé du pressoir,
Des flots de sang chrétien couler matin et soir !
Patrie, ah ! Si les cris de ta voix éplorée
N’ont plus aucun pouvoir sur la foule égarée ;
Si tes gémissements ne sont plus entendus,
Les mamelles au vent et les bras étendus,
Mère désespérée, à la face publique
Viens, déchire à deux mains ta flottante tunique
Et montre aux glaives nus de tes fils irrités
Les flancs, les larges flancs qui les ont tous portés !


Février 1831.