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Poussant avec la main le peuple devant elle ;
L’émeute aux mille fronts, aux cris tumultueux,
À chaque bond grossit ses rangs impétueux,
Et le long des grands quais où son flot se déroule,
Hurle en battant les murs comme une femme soûle.

Où va-t-elle aujourd’hui ? De ses sombres clameurs
Va-t-elle épouvanter le sénat en rumeurs ?
Vient-elle secouer sur le front des ministres
Tout le sang répandu pendant les jours sinistres ?
Non, l’émeute à longs flots inondant le saint lieu,
Bondit comme un torrent contre les murs de dieu.
La haine du pontife aujourd’hui la travaille ;
Son front comme un bélier bat la sainte muraille ;
Sur les dalles de pierre, au bas de leurs autels
Roulent confusément les vases immortels.
Adieu le haut parvis, adieu les saints portiques,
Adieu les souvenirs, les croyances antiques ;
Tout tombe, tout s’écroule avec la grande croix,
Christ est aux mains des juifs une seconde fois.