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Alors, comme forbans qui guettent une proie,
On les vit tous s’abattre avec des cris de joie,
Sur les flancs dégarnis du colosse flottant.

Mais, lui, tout mutilé des coups de la tempête,
Se dressa sur sa quille, et relevant la tête,
Hérissa ses sabords d’un peuple de heros,
Et rallumant soudain ses foudres désarmées,
Comme un coup de canon lâcha quatorze armées,
Et l’Europe à l’instant rentra dans son repos.


II


Sombre quatre-vingt-treize, épouvantable année,
De lauriers et de sang grande ombre couronnée,
Du fond des temps passés ne te relève pas !
Ne te relève pas pour contempler nos guerres,
Car nous sommes des nains à côté de nos pères,