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Demeurer, vous enfuir : vous n’échapperez pas.
J’épuiserai vos nerfs à cette rude course,
Et nous irons ensemble, en dernière ressource,
Heurter, tout haletants, le seuil ensanglanté
De ton temple de bronze, ô froide cruauté ! »

Ennui, fatal ennui ! Monstre au pâle visage,
À la taille voûtée et courbée avant l’âge ;
Mais aussi fort pourtant qu’un empereur romain,
Comment se dérober à ta puissante main ?
Nos envahissements sur le temps et l’espace
Ne servent qu’à te faire une plus large place,
Nos vaisseaux à vapeur et nos chemins de fer
À t’amener vers nous plus vite de l’enfer.
Lutter est désormais chose inutile et vaine,
Sur l’univers entier ta victoire est certaine ;
Et nous nous inclinons sous ton vent destructeur,
Comme un agneau muet sous la main du tondeur.
Verse, verse à ton gré tes vapeurs homicides,
Fais de la terre un champ de bruyères arides,