Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu/237

Cette page n’a pas encore été corrigée

Pas une clameur dans les ponts,
Et le navire impitoyable
Paisiblement poursuit ses bonds.
Il fuit sous la vague en poussière ;
Alors, l’enfant seul, en arrière,
Entre l’onde et le ciel en feu,
Perdu dans cette immense plaine,
Et si frêle atôme qu’à peine
Il arrive au regard de Dieu ;

Il n’attend plus que pour le prendre
La mort s’élance des enfers,
Ou qu’il l’entende redescendre
Avec fracas du haut des airs.
À devancer l’instant suprême
Il se résigne de lui-même,
Et du front ouvrant l’océan,
Le pauvre mousse avec courage
Enfonce son pâle visage
Et sans un cri plonge au néant.