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Les moins forts bien souvent supportent l’existence
Sans qu’un cri de révolte, un cri de désespoir
Les écarte un seul jour des sentiers du devoir !
Ô blanche conscience ! ô saint flambeau de l’âme !
Rayon pur émané de la céleste flamme,
Toi, qui dorant nos fronts de splendides reflets,
Nous tiras du troupeau des éternels muets,
Dieu dans le fond des cœurs ne te mit pas sans cause :
Conscience, il faut bien que tu sois quelque chose,
Que tu sois plus qu’un mot par l’école inventé,
Un nuage trompant l’œil de l’humanité,
Puisqu’il est ici bas tant de maigres natures,
De pâles avortons, de blêmes créatures,
Tant d’êtres mal posés et privés de soutien
Qui n’ont pour tout trésor, pour richesse et pour bien,
Dans l’orage sans fin d’une vie effrayante,
Que le pâle reflet de ta flamme ondoyante.