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Comme un cheval qu’un boulet frappe et tue,
Le corps s’abat, et sans pousser un cri,
Roulant en bloc sur le pavé, meurtri,
Il reste là dans son terrible rêve,
Jusqu’au moment où le trépas l’achève.
Alors on voit passer sur bien des corps
Des chariots, des chevaux aux pieds forts ;
Au tronc d’un arbre, au trou d’une crevasse
L’un tristement accroche sa carcasse ;
L’autre en passant l’onde du haut d’un pont
Plonge d’un saut dans le gouffre profond.
Partout le gin et chancelle et s’abîme,
Partout la mort emporte une victime ;
Les mères mêmes, en rentrant pas à pas,
Laissent tomber les enfants de leurs bras,
Et les enfants, aux yeux des folles mères,
Vont se briser la tête sur les pierres.