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Malheur ! Cent fois malheur à tous les cœurs méchants
Qui poussent la beauté sur leurs tristes penchants !
Malheur aux esprits froids, aux hommes de la prose,
Éternels envieux de toute grande chose,
Qui n’éveillant sur terre aucun écho du ciel,
Et toujours enfouis dans le matériel,
Chassent d’un rire amer les divines pensées,
Comme au fond des grands bois les nymphes dispersées !
Si du malheur des temps l’épouvantable loi
Veut, hélas ! Aujourd’hui, que les hommes sans foi
Et tous les corrompus prévalent dans le monde ;
Si tout doit s’incliner devant leur souffle immonde,
Et, sous un faux semblant de civilisation,
Si l’univers entier subit leur action ;
Si le rire partout tranche l’aile de l’âme,
Si le boisseau fatal engloutit toute flamme ;
Amour et poésie, anges purs de beauté
Reprenez votre essor vers la divinité,
Regagnez noblement votre ciel solitaire,
Et sans regret aucun de cette vile terre