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Le Goth, prenant en main sa brune chevelure,
D’une langue barbare et d’une verge dure,
À la honte des rois, outrage son beau flanc,
La meurtrit sans relâche et la bat jusqu’au sang.

Venise, dans ton sein aujourd’hui que peut être
L’amour ! Ah ! Sans frémir on ne peut le connaître,
On ne peut le trouver dans ces lugubres lieux,
Sans gémir longuement ou détourner les yeux.
Des pauvres gondoliers les chansons et les rames
Ne servent plus ici qu’à des amours infâmes,
Des amours calculés, sans nulle passion,
Comme il en faut aux fils de la corruption.
Aussi lorsque le soir, un chant mélancolique,
Un beau chant alterné comme une flûte antique,
S’en vient saisir votre âme, et vous élève aux cieux,
Vous pensez que ce chant, cet air mélodieux,
Est le reflet naïf de quelque âme plaintive,
Qui, ne pouvant le jour, dans la ville craintive,
Épancher à loisir le flot de ses ennuis,