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Maniait noblement sa divine nature,
Venise, il était doux, sous tes cieux étouffants,
D’aspirer ton air pur comme un de tes enfants ;
Il était doux de vivre aux chansons des guitares,
Car, ainsi qu’aujourd’hui, les chants n’étaient pas rares ;
Les chants suivaient partout les plaisirs sur les eaux,
Les courses à la rame, à travers les canaux,
Et les beaux jeunes gens guidant les demoiselles
Alertes et gaîment sur les gondoles frêles.
Alors, après la table, une main dans la main,
On dansait au lido jusques au lendemain ;
Ou bien vers la Brenta, sur de fraîches prairies,
On allait deux à deux perdre ses rêveries,
Et sur l’herbe écouter l’oiseau chanter des vers,
En l’honneur des zéphyrs qui chassaient les hivers.
Alors jeunes et vieux avaient la joie en tête,
Toute la vie était une ivresse parfaite,
Une longue folie, un long rêve d’amour,
Que la nuit en mourant léguait encor au jour ;
On ne finissait pas de voir les belles heures