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A bâti huit cents ans la conquête du monde ;
Ces rudes éléments et du grand et du beau
Ne peuvent plus entrer dans votre étroit cerveau.
Ce que je veux de vous, ce sont de saints exemples,
C’est le respect aux morts, c’est la paix aux vieux temples.
Or donc, assez longtemps, sur ce terrain hâlé,
Vieille louve au flanc maigre, avarice a hurlé ;
Assez, assez longtemps, sans pudeur et sans honte,
Vos pères ont sucé ses mamelles de fonte ;
Dans Rome, assez longtemps, prélats et citoyens,
Se ruant par milliers sur les temples païens,
Ont violé le seuil des royales enceintes,
Volé les dieux d’airain, fondu les portes saintes,
Et comme des goujats avides de trésors,
Jusqu’au dernier lambeau déshabillé les morts.
Maintenant tout est fait : ruines séculaires,
Leurs murs ne peuvent plus tenter les mains vulgaires :
Pas une lame d’or à leurs flancs vermoulus ;
De l’antique splendeur il ne leur reste plus
Que la forme première, et la belle harmonie,