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Là, ce grand corps sevré de sang pur et de chair,
Étalait tristement ses vieux membres à l’air,
Et le ciel bleu luisant à travers ses arcades,
Ses pans de murs croulés, ses vastes colonnades,
Semait ses larges reins de feux d’azur et d’or,
Comme au soleil d’Afrique un reptile qui dort.
À droite, en long cordon, au-dessous de sa tête,
Du haut d’une terrasse à crouler toute prête,
Tombaient de larges flots de feuillages confus,
Des pins au vert chapeau, des platanes touffus,
Et des chênes voûtés, dont la racine entière
Jaillissait comme l’onde à travers chaque pierre,
L’ombre épaisse, je crois, des jardins de Néron,
Le seul dont le bas peuple ait conservé le nom…
À gauche, près d’un mur chargé d’herbes nouvelles,
Le temple de la paix aux trois voûtes jumelles,
Immense, laissait voir par un trou dans le fond
Les hauts remparts de Rome et son désert profond ;
Puis Castor et Pollux, dépouillés de leurs marbres,
Avec d’humbles maisons se perdaient sous les arbres,